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Derrière ses apparences de petit pick-up de livraison, bon à tout faire, se cache un véritable monstre de puissance qui trouve plus sa place sur les pistes de drag que sur les petites routes canadiennes où son moteur ne pourrait jamais libérer tous ses bourrins! En lieu et place d'un petit V8 comme on en trouve sous le capot des Chevrolet Malibu des mêmes années (dont la El Camino emprunte le châssis de la version station-wagon), on trouve un impressionnant 8 cylindres 502ci (8,2l) développant... 502ch! Une telle puissance sur une carrosserie de ce type peut engendrer des performances tout bonnement incroyables!

Malgré la présence d'une benne, l'El Camino garde les lignes d'une voiture et non d'une camionnette.

Cette El Camino est un modèle de la série "SS" qui regroupe les versions sport de la gamme Chevrolet. Côté équipements, la SS "Royal Knight" dispose des vitres électriques, d'une colonne ajustable et d'un intérieur édition "deluxe" rouge avec cuir.

La face avant de la Chevy est celle d'une Monte-Carlo de la même année, c'est-à-dire des lignes peu fluides et très carrées, années 80 obligent. Une simple calandre "coupe frites", sans fantaisie, surplombe la route. Les phares qui l'entourent ne font pas non plus dans la distinction. Vu d'ensemble, l'avant de ce "pick-up" manque cruellement d'agressivité! Qui pourrait penser, une seconde, que derrière cette petite calandre issue du midsize Chevrolet de l'époque travaille un moteur d'environ 8200cm3?! Effet garanti! C'est vue de profil que l'on distingue la El Camino, parmi tant d'autres américaines, car la grande particularité du modèle est de proposer une benne de pick-up greffée sur un modèle GM, généralement milieu de gamme, tout en respectant les lignes de l'auto d'origine. Ce type de carrosserie, peu commun, est surtout connue sous la forme des Chevrolet El Camino et Ford Ranchero mais il faut savoir que ce concept innovant est, en fait, d'origine australienne, et que la première "voiture utilitaire" de ce type fût conçue et développée en 1933 par Ford Australie. Toutes les autos de ce type étaient appelées, à l'époque, "Utes" en Australie. Passons maintenant à l'arrière. On retrouve, pour le côté pratique, la petite porte permettant d'avoir accès à la benne sur laquelle est disposée l'emplacement de plaque d'immatriculation. Les petits feux, sous forme de bâtonnets, sont incrustés dans le parechocs et donnent, cette fois-ci, un peu plus de caractère à l'auto qu'un simple utilitaire. Pour donner des chiffres, le véhicule est long de 4,93m et large de 1,83m. La benne, loin d'être aussi grande que celle d'un Silverado, permet tout de même d'y placer quelques lourdes et imposantes charges.

Les jantes visibles ici proviennent d'une Buick GNX '88.

Engouffrons-nous maintenant dans la cabine de pilotage. L'intérieur édition "Deluxe" est très tape-à-l'oeil avec son rouge-pourpre vif. La ligne générale du tableau de bord est, comme l'extérieur, à la mode "carré" des 80's. L'intérieur "Deluxe" et les vitres électriques sont les seuls équipements dont dispose la bête: la El Camino est donc plus une auto à vocation utilitaire mais qui ne rime pas à 100% avec rudimentaire (un intérieur "Deluxe" pour un utilitaire...). Les compteurs et la boîte de vitesses ne sont pas d'origine.

L'intérieur "Deluxe" est un peu un concentré de luxe des années 80, sans les équipements.

Passons maintenant aux choses sérieuses, il est tant de lever le capot. Et paf! La claque! Au lieu de se retrouver face à un small-block Chevrolet d'origine, on tombe sur un étincelant et monstrueux moteur haute performance General Motors de 502ci, soit 8,2l et développant 502ch! Cette bombe a été fabriquée en l'an 2000 par GM. Il s'agit d'un vrai moteur, type compétition, avec ses culasses en aluminium "Edelbrock Performer RPM", sa pompe à eau Edelbrock elle aussi en aluminium - à savoir que toutes les pièces composées de ce matériau sont légères pour ne pas compromettre la stabilité du véhicule à haute vitesse - , son collecteur d'admission "Edelbrock Performer RPM Air-gap", son carburateur Holley à 4 corps, notamment destiné à la compétition en série Nascar (!) et ses collecteurs d'échappement de type "headers". Ce 502 est accouplé à une transmission "Borg-Warner" T-56 manuelle à 6 rapports provenant d'une Camaro SS '97. Le différentiel provient d'une Ford LTD de 1978 car ses ponts arrières sont reconnus pour leur robustesse à toute épreuve, appelés communément "9 pouces Ford". Il a été retravaillé pour s'adapter au chassis de la El Camino. Les freins à disque arrières proviennent d'une Camaro Z28 '95, tandis que ceux de l'avant proviennent d'une Caprice '90 de police. Beaucoup de travail et de calculs minutieux ont été requis pour adapter ces pièces mais le résultat est étonnant! Pour finir sur l'origine des pièces, les roues proviennent d'une Buick GNX '88, d'un diamètre de 16 pouces et d'une largeur de 8 pouces et les pneus sont des Good-Year "Haute performance" P255 50 ZR16 modèle RSA.

Le monstrueux 502ci dont le chiffre en fait vibrer plus d'un!

Simon pense que ce n'est pas une bête à laisser entre les mains de n'importe qui à cause de l'expérience qu'elle requiert pour la "piloter". Elle serait capable de rivaliser avec toute Porsche ou Ferrari qui croiserait son chemin! Incroyable lorsqu'on réfléchit à ce dont pourquoi elle fût construite à la base. Il a choisi ce modèle en particulier pour, me dit-il, sa rareté (on en voit pas tous les jours...), son châssis périmétrique indépendant de la carrosserie, ses suspensions à "boudins" (à l'américaine), confortables et performantes et son empattement très long qui favorise sa stabilité et sa tenue de route. Il apprécie le plus, chez son auto, sa construction solide et durable, la longue période de production qui offre une multitude de possibilités de modifications, sa cote qui augmente chaque année, la possibilité aisée de la remettre dans son état d'origine car rien n'a été sectionné ou condamné. Simon a, apparemment, un gros faible pour la marque au "noeud de papillon" ("bowtie") puisqu'il n'en est pas à sa première Chevrolet. Il a possédé - et possède toujours certaines d'entre elles - deux Camaro, une Monza, trois Chevelle Malibu, une Monte-Carlo, deux Chevette et une Corsica!

Qui aurait penser une minute que 502ch se trouveraient sous son capot?!

Simon, canadien d'origine, possède cette El Camino depuis 1987. Elle a appartenu, avant lui, à deux autres personnes de 1979 à 1983 et de 1983 à 1987. Il lui aura consacré en tout une bonne quinzaine d'années pour lui donner tout ce punch, aujourd'hui, il se contente de l'entretenir. Suite aux nombreuses modifications que le véhicule a subi, il estime sa vitesse de pointe à 275km/h! Si après ça, vous êtes toujours persuadé qu'il s'agit d'un utilitaire banal! Une El Camino qui cache bien son jeu...